2040 Utopies Pavillonaires

Atelier urbain AIX-2040, Projet lauréat d’une mention (2018)

Equipe Tiers-LAB : Gabriele Salvia, Marion Serre, Asimina Mavromatidi, Ion Maleas

« Le monde pavillonnaire. Qu’attendent de lui ceux qui l’habitent ? Rien de moins que le bonheur. Beaucoup le vivent ainsi oubliant les inconvénients (…). Ce bonheur, fiction et réalité aussi bien mélangées que l’eau et le vin dans un verre, doit s’obtenir par la nature, par la vie saine et régulière, par la normalité liés aux pavillons dans cette utopie. » Henri Lefèbvre, 1966

Entre ville et campagne, la proximité de la nature, le calme, un pavillon à soi, une ambiance de village, un jardin privatif, l’indépendance. L’idéologie du pavillonnaire a produit et continue de produire un territoire étalé, comptant près de 19 millions de maisons individuelles en France (INSEE, 2016). Diminution des terres agricoles, artificialisation des sols, dépendance à la voiture, manque d’équipements et d’espaces publics, isolement des personnes âgées… Autant de maux communément attribués au pavillonnaire et dont la loi ALUR a fait l’un de ses fers de lance. Le pavillonnaire est ainsi devenu un véritable territoire à enjeux, dont le devenir pose question. En 2040, aura-t-il été démoli au profit d’un habitat plus dense ? Ou bien sera-t-il devenu un “Frankenstein urbain”, produit au coup par coup par la promotion immobilière ? Notre projet propose d’explorer une voie médiane. Prendre l’unité du lotissement comme échelle de référence pour agir sur les modes d’habiter et les pratiques de quartier. Purs produits de l’urbanisme règlementaire, les lotissements sont modelés, clôturés, enclavés par de multiples normes
(PLU, règlements intérieurs), fondées sur la propriété privée
et, de fait, sur la dimension individuelle.

Réinventer l’utopie pavillonnaire, c’est réinventer son idéologie ; changer les imaginaires qui le caractérisent.

Pour cela, notre projet propose de transformer les lotissements en revisitant la dimension collective de l’habitat. En 2040, les lotissements seront de nouvelles formes de “co-housing”, des unités morphologiques et sociétales fondées sur des règles collectives : Densifier pour produire des formes d’habitat intermédiaire adaptées au contexte, conservant certaines des qualités du pavillonnaires tout en permettant le développement de nouveaux modes d’habiter (modèle du village, de la ville
productive, de la cité jardin). Changer le rapport à la propriété par la redéfinition des limites entre parcelles privées pour libérer des espaces communs et diversifier les usages. Rendre les tissus “marchables” pour imaginer un périurbain désenclavé et poreux qui, à terme, pourrait même faire abstraction de l’automobile. Mobiliser et valoriser les ressources naturelles souvent présentes dans les territoires périurbains, telles que les réseaux d’eau (rivières, ruisseaux), les terres agricoles, les forêts et espaces boisés.

PROJET 1 : Village de la Clairnande (Aix-en-Provence)
Densification – villageoise
Limites poreuses – arbres, arbustes, haies et muret-assises inf. à 45 cm
Nature d’espaces – espaces privés, partagés entre plusieurs familles, communs
Communs extérieurs – salons périurbains, mur d’escalade, piscines communes,
toitures habitées
Communs intérieurs – équipement, commerce de proximité, pièces en plus
Mobilité – coeur piéton, parking talus, création de raccourcis et cheminements
Ressources – continuité écologique préservée et accompagnée d’un cheminement

PROJET 2 : Cité commune des Vergers (Bouc-Bel-Air)
Densification – mitoyenne
Limites – arborées et murets < 45 cm
Nature des espaces – clôtures enlevées pour davantage d’espaces
partagés et communs
Communs extérieurs – arborés, sportifs, acquatiques, jardinés, ludiques
Communs intérieurs – pièces en plus, crèche, salle polyvalente, serres,
commerces de proximité
Mobilité – création de cheminements, coeur piéton, parking antibruit
Ressources – continuité végétale, tous les arbres existants conservés

PROJET 3 : Quartier des Battiers (la Bouilladisse)
Densification – maisons à cour, favorisant l’élevage et l’agriculture existante
Limites – arborées et murets < 45 cm
Nature des espaces – partagés et communs
Communs extérieurs – cours avec puits, poulaillers, enclos animaux, champs
Communs intérieurs – pièces en plus, serres
Mobilité – création de cheminements, parkings paysagés à l’entrée
Ressources – continuité végétale, agriculture, réseau d’eau, puits et réservoirs